Situation alarmante : familles à la rue sur Angers

Chaque soir de la semaine une équipe de ‘veilleurs’ vient à la rencontre des personnes à la rue à l’abri de nuit du 115, appelé ‘Chemin de Traverse’. Les veilleurs apportent de la nourriture et contactent des ‘jokers’ ce qui jusqu’à maintenant a permis de mettre à l’abri les laissés pour compte, quasi exclusivement des migrants, faute de places suffisantes.

Le 31 mars nous avons interpellé Mr le Préfet, Mr le Maire d’Angers et leurs services à propose de la situation alarmante du nombre de famille qui n’étaient plus hébergées par le 115. La soirée du vendredi 30 mars a été particulièrement éprouvante sous la pluie. Le 115 nous annonçait la remise à la rue de 4 familles demandeuses d’asile hébergées en hôtel ce mardi (21 personnes concernées).

Nous en avons informé députés et sénateurs ce lundi.

A cette heure nous n’avons aucune réponse de la préfecture, la DDCS et la mairie.

Le mardi soir 3 avril, nous avions 29 personnes sans place. Avec bien des difficultés, nous avons pu en loger 25 chez des ‘jokers’. Mais le mardi 4 avril c’était impossible. Nous avons donc décidé de suspendre momentanément les veilles pour mettre les autorités devant leurs responsabilités.

Nous avons invité la presse et tous les angevins qui le veulent et le peuvent à nous rejoindre le jeudi soir 5 avril au chemin de traverse pour une veillée même tardive avec les personnes à la rue.

Pour les veilleurs : Bernadette et Paul Baumard, Véronique Jost, Marie-Jeanne Tournery, Dominique Trenit, Céline Véron.

Ci-dessous le compte rendu de la veille du vendredi 30 mars

A notre arrivée à 19 h, comme d’habitude, ruée sur les différentes victuailles.

Puis, la pluie se met à tomber, de plus en plus forte. Nous sommes entassés, pas moyen de bouger ni de discuter avec les personnes présentes. 4 poussettes sont rangées devant la grille : pas de place sous le préau, nous voyons dépasser des petits pieds sous la bâche plastique qui abrite les enfants : tous ne sont pas dans les bras de leur mère… et ça dure presque toute la soirée. Le préau n’est pas assez grand, plusieurs personnes, dont des enfants, sont mouillés.

A 20 heures, ceux qui ont une place rentrent. A 21 heures, un Somalien vient amener une jeune femme qui ne parle pas français, elle attend sa sœur qui arrive aussitôt. Le monsieur nous dit qu’il les accompagne parce qu’elles sont à Angers depuis peu, il part dormir ailleurs. Malgré leur retard, le gardien leur réserve la place pendant qu’ils mangent un peu.

Plusieurs mamans craquent : une femme angolaise avec deux enfants, très tristes eux aussi, pleure dans son coin après l’entrée dans le site de F. brésilienne, et de sa fille. Elles parlaient ensemble en portugais, et elle se retrouve seule, frigorifiée, en larmes, l’un des garçons est emmitouflé dans une serviette de bains M-J. fait appel à sa sœur qui vient les chercher.

Madame B. pleure elle aussi, sa petite fille a fait un séjour à l’hôpital la nuit dernière. Elle fait des poussées de fièvre, l’hôpital lui a donné un papier disant qu’elle doit rester au chaud, elle a passé une partie de la journée dans la salle d’attente de l’hôpital. Ses deux autres enfants ont aussi des problèmes, d’épilepsie pour l’un, d’intolérance au gluten pour l’autre. Madame B. réclame un répit. Elle dit ne rien vouloir pour elle, mais que ses enfants soient au chaud et nourris convenablement.

Il reste sans place 10 personnes après le départ de la famille angolaise :

  • un couple avec 3 très jeunes enfants, la dernière a 6 mois.
  • un jeune Africain
  • Un couple avec deux enfants de 15 et 12 ans

F emmène le jeune Africain chez M.

Monsieur L. vient prendre les parents des 2 jeunes qui sont emmenés dans une autre famille.

Puis on emmène la famille avec les 3 enfants, chez C.

Tout le monde est casé, il est presque 23 heures.