Elle a fui la dictature de son pays, l’Érythrée

Teberh Tekaly a passé quelques heures de répit chez Anne Goujon. En attendant une convocation à la préfecture mercredi 5 septembre. Elle ne veut pas retourner en Italie.

Son quotidien, c’est la rue à Angers et le pointage à la gendarmerie. Pour passer la nuit, quand le 115 ne lui trouve pas de place, elle a trouvé un petit coin, du côté de la gare d’Angers.

De temps en temps, Teberh Tekaly trouve un logement grâce des associations comme SOS Migrants 49. Elle met en relation des migrants et des familles d’accueil. On appelle ces dernières les « jokers ».

Teberh Tekaly est arrivée seule en France. « J’ai laissé là-bas mes cinq enfants. Sanson, un garçon de 16 ans, ses deux sœurs jumelles de 12 ans, Dibora et Delina, et encore des jumeaux de 9 ans et demi, un garçon, Annibal, et une fille, Ossana. »

« En Érythrée, les hommes sont militaires à perpétuité »

La grand-mère maternelle en prend soin. Le papa ? Militaire comme la plupart des hommes. « Je ne sais pas où il est précisément. » Il n’est jamais venu voir les enfants. « Sans doute emprisonné quelque part, au Soudan », avance-t-elle.

« En Érythrée, les hommes sont militaires à perpétuité », explique Anne Goujon, membre de l’association Accueil et solidarité pour un toit, qui l’héberge à Candé le temps d’un week-end. Une dictature dirige le pays. Pas de police. Les pressions sont terrifiantes. Teberh Tekaly a fui son Érythrée natale.

Avant d’arriver dans le Maine-et-Loire, Teberh Takaly, 41 ans, est passée par le Soudan, puis la Lybie pendant neuf mois, avant d’embarquer sur un bateau direction l’Italie. Elle y est restée une semaine, avant d’entrer en France, en février 2018.

L’Italie, c’est là qu’elle a laissé son empreinte. C’est le pays responsable de sa demande d’asile. Mais elle ne veut pas y retourner.

Une mesure d’éloignement

Mercredi 5 septembre, Teberh Tekaly doit se présenter à la préfecture du Maine-et-Loire pour connaître les modalités de la mesure d’éloignement qui lui a été adressée en mai dernier.

Elle doit retourner en Italie pour que sa demande d’asile soit traitée. Elle devra donc faire le choix de quitter la France ou non. Si elle ne se présente pas aux services de police à l’aéroport, Teberh Tekaly sera considéré « comme étant en fuite ».

Dans ce cas, elle ne pourra plus toucher d’allocations de demandeur d’asile et ne pourra plus avoir de logement durant 18 mois. Teberh Tekaly s’est entourée par un avocat. Elle espère rester en France et, un jour, regrouper ses enfants.

Par Ouest-France
Publié le 28/08/2018 à 17h00